Voyage en Polynésie avec Caro & Erwan, par Nanou et Flo :
Il existe certains évènements auxquels on ne croit pas, jusqu’à y être confronté. Le tour du monde de Caro et Erwan faisait pour moi partie de ceux-là. Caro en a parlé pendant des mois (si ce n’est des années), et je n’ai compris que la veille de leur départ, qu’ils partaient bel et bien pour un an… Drame. Larmes. Promesse : on va vous rejoindre quelque part durant votre voyage. En février vous serez où ? Polynésie française ?! DEAL.
L’amitié fait parfois faire de pénibles sacrifices…
Nous voilà donc, le 31 janvier, en plein cœur d’un hiver bien pourri à Paris, à jeter dans un sac deux maillots de bain et quatre tee-shirts (soit pour mémoire trois fois plus de fringues que ne contiennent les sacs de nos deux voyageurs pour un an).
Notons à cet égard un phénomène étrange : Caro, d’habitude si drastique sur le poids et le contenu de son propre bagage et de ceux de ses co-équipiers, a entrepris à distance une sournoise opération de lestage des nôtres : ravitaillement en saucisson, remplacement de fringues trouées et renflouage de pharmacie à l’allée, et au retour, opération Père Noël avec tous les cadeaux achetés ici ou là pour la famille (et non pour les amis, désolée les gars), et rapatriement d’une table de camping (no comment) …
Je me dois d’ailleurs d’avertir les prochains qui rejoindront nos deux tourtereaux que « je peux te demander un petit service » signifie « je vais vider mon sac dans le tien et te rajouter un supplément bagage de 10 kilos ». Inutile de protester, d’invoquer sciatique ou retour de l’aéroport en scooter sous la pluie, rien n’y fait…
Le 31 janvier donc, départ pour Tahiti. Près d’une trentaine d’heures plus tard, 11 heures de décalage horaire et 30 degrés de plus, nous arrivons enfin à Papeete, avec danse polynésienne et ukulélé à la sortie de l’avion, histoire d’être tout de suite dans le bain. Le petit plus : il avait beau être 2h du matin, Caro et Erwan avaient mis leur réveil pour nous accueillir à l’hôtel (ou s’assurer de la bonne livraison du saucisson, l’histoire ne le dit pas …).
Ces retrouvailles incroyablement sympathiques furent l’occasion de découvrir la 2ème marotte de Caro (après la passion pour les sacs de rando) : les horaires. « Petit déj à 8h30 demain ? » Oui parce que « on n’est pas en vacances, on voyage !! », et on se doit donc de respecter certaines habitudes réglées comme du papier à musique : debout 8h, petit déj 8h30, apéro 12h, déj 12h30, re-apéro à partir de 17h30, dîner 19h ou 19h30 les soirs de fête. S’en suit une partie de cartes (toujours écourtée car Florent ou moi perdions à une vitesse souvent imitée mais rarement égalée), et à 21h, tout le monde au lit (en même temps, ne rien faire, c’est très fatigant…).
À ce propos, que les marcheurs, randonneurs et autres fanatiques du châtiment corporel en moyenne montagne qui lisent attentivement ce blog depuis le premier jour n’aient aucune fausse joie : il ne sera ici exceptionnellement pas question de marches interminables et périlleuses, nuits sous tente et périples sauvages, mais uniquement de volupté, de douceur, de soleil et de bonheur. De vacances, en somme…
Notre (bien trop court) périple polynésien nous a mené sur deux îles : Moorea, l’île sœur de Tahiti, située à une vingtaine de minutes de bateau de Papeete, et Bora-Bora, la perle du pacifique qui, il faut bien le reconnaître, n’a pas volé son surnom.
Autant dire que visiter seulement 2 îles sur les 118 que compte la Polynésie est un crime, que nous nous sommes tous promis de réparer un jour …
De Tahiti nous n’avons vu que Papeete. Caro et Erwan, arrivés la veille, en ont vu un peu plus que nous, qui nous sommes contentés d’un petit tour au marché. L’occasion de faire le plein de monoï, et développer avec Caro une furieuse envie de dévaliser les magasins de perles de Tahiti, envie récurrente tout au long du voyage, au grand désespoir de nos chers et tendres.
Nous avons donc rapidement fuit Papeete, pour rejoindre dès le premier jour Moorea. L’hébergement que nous avions choisi (un peu par hasard il faut bien le reconnaître) s’est révélé être un merveilleux petit coin de paradis sur le lagon : bungalow avec plage privée et donc déserte, vue sur Tahiti, et des milliers de poissons juste à portée de palmes, dans une eau limpide – et ce pour le plus grand bonheur de Caro, j’y reviendrai dans un instant…
Un véritable appel à la paresse.
Quatre jours de barbotage, snorkeling, kayak, farniente et bronzage. Que dis-je bronzage : brûlure ! Car en Polynésie –même à la prétendue saison des pluies – on ne bronze pas, on brûle, voire on se consume. Le dos d’Erwan, notamment, a pu en témoigner.
Nous avons dû faire deux fois le tour de l’île en scooter tellement les paysages étaient beaux. Mer bleue turquoise d’un côté, reliefs escarpés verdoyants de l’autre, on ne s’en lassait pas… Le tout ponctué de rencontres charmantes, les polynésiens étant d’une gentillesse à rendre malade un parisien.
Moorea a par ailleurs été l’occasion pour nous de découvrir l’incroyable talent d’Erwan pour la cuisson du poisson au barbecue, qui s’est confirmé quotidiennement. Thon rouge, mahi-mahi (poisson local à la chair blanche très tendre, que les polynésiens mangent traditionnellement cru, avec du lait de coco. divin), saumon des dieux. On en rêve encore.
Après quatre jours passés sur Moorea, nous avons pris un petit avion à hélices pour rejoindre Bora-Bora. Quarante-cinq minutes de vol. Vue extraordinaire sur les îles, qui donne envie de devenir pilote sur Air Tahiti (ou hôtesse de l’air si on reste réaliste) juste pour le plaisir de voir cela chaque jour …
L’aéroport de Bora est situé sur un motu, c’est-à-dire une petite île perdue entre le lagon et la mer. On rejoint Vaitapé (la ville principale) en traversant le lagon en bateau. À notre arrivée, le temps était nuageux mais les variations de couleurs de l’eau étaient déjà d’une beauté impressionnante. On avait trouvé magnifique le lagon de Moorea. On ne se remet toujours pas de celui de Bora-Bora, lorsqu’il est éclairé par le soleil. Je n’ai pas de mots (ou pas assez de vocabulaire), les photos parlent d’elles-mêmes …
Là encore, hébergement parfait : petit bungalow dans la baie de Faanui, les pieds dans l’eau. Les propriétaires ont en fait racheté un bungalow d’un hôtel de luxe fermé il y a quelques années, et l’ont tracté jusque chez eux. Ici aussi, des poissons à profusion juste sous nos yeux.
Le programme sur Bora a été sensiblement identique à celui de Moorea : paresse, crémage, sieste, snorkeling, coup de soleil, ballade sur l’île, re-crémage, re-coup de soleil, apéros, biafine, biafine, biafine, barbecues, douche froide, biafine.
Puis petit tour à la seule plage publique (déserte ou presque), les autres ayant été privatisées par les Resorts.
Et surtout, une journée mémorable en bateau, pour aller nager avec les raies et les requins à pointe noire et barboter dans le jardin de corail et ses milliers de poissons. Journée qui fut l’occasion de faire une découverte dont Erwan ne se remet toujours pas : la peur phobique de Caro pour les poissons est un mythe, un mensonge éhonté, une légende urbaine.
Depuis le début du séjour, c’est tout juste si elle ne se servait pas de son mari adoré comme d’une bouée de sauvetage, grimpant sur son dos à la simple évocation d’un concombre de mer ou d’un mini poisson, poussant des cris étouffés dans son tuba.
Autant dire que lorsqu’on a aperçu quelques ailerons affleurant à la surface de l’eau (à peine une vingtaine, il n’y a pourtant pas de quoi paniquer), on a cru la perdre. « Je ne peux pas descendre, je n’y arriverai jamais, ne me forcez pas ou je hurle, mais j’ai peur mon Lou !, je vous préviens je vais pleurer, blablabla ». Et finalement, après quelques cris et nouvelles protestations voilà notre Caro nageant au milieu des requins et des raies et ne sortant de l’eau que contrainte et forcée…
Même chose lorsqu’on a plongé avec une énorme raie Manta (bon d’accord, en vrai elle a voulu feinter et la regarder accrochée à l’échelle du bateau mais elle est tombée).
Même chose dans le jardin de corail, où en plus notre guide a généreusement lancé du pain pile sur Caro, qui s’est faite assaillir par des centaines de poissons.
Il faut dire que ces moments étaient incroyables, si ce n’est que j’ai trouvé pour ma part les raies un peu trop affectueuses (elles adorent venir se coller pour qu’on leur caresse le ventre, mi-doux mi-gluant. Sensation étrange, surtout lorsqu’elles sont trois à vous grimper dessus…).
Le petit plus de cette journée était le repas polynésien, concocté rien que pour nous, sur un motu perdu dans le lagon : espadon grillé sauce qu’on-sait-pas-ce-qu’il-y-a-dedans-mais-que-c’est-bon, poisson cru lait de coco, pain à la noix de coco, fruits frais…Idyllique…
Malheureusement nous nous sommes séparés après trois petits jours sur Bora, nos deux aventuriers s’envolant pour l’île de Pâques.
Évidemment les adieux furent déchirants. Rien que de penser aux cinq mois qui restent sans toi ma Caro, j’en ai de nouveau les larmes aux yeux et le cœur serré.
Nous sommes pour notre part restés 4 jours de plus à Bora, à noyer notre chagrin dans les eaux turquoises du lagon accessibles directement par le ponton privé de notre bungalow sur pilotis d’un hôtel splendide avec une vue inoubliable, une piña colada dans une main, une mangue fraîche dans l’autre… Dur.
Donc finalement, à contre-cœur j’admets : merci les zamis d’être partis faire le tour du monde, sans quoi nous n’aurions jamais fait ce voyage, qui ne pouvait être aussi réussi qu’en votre compagnie. On vous aime.
